Sceau du Lycée Français-Collège International vers 1953, Archives du L.F.B.
Photo de construction du site de Pedralbes vers 1964, Archives Diplomatiques de Nantes
Projet de 1956-1962 de Lycée Français, Archives Diplomatiques de Nantes
“Anoll Montserrat, élève du Lycée Français de Barcelone et sa famille déclarent dégager de toute responsabilité le susdit Lycée Français en cas d’accident résultant de l’état de guerre. Barcelone, le 12 novembre 1938”
1974 est sans nul doute l’une des dates les plus importantes de l’établissement. C’est cette année-là que le Lycée, sous la direction de son nouveau proviseur Emmanuel Escamilla, organise un vote auprès des parents d’élèves pour savoir s’ils sont prêts à soutenir la création de cours de catalan. L’initiative est audacieuse. Franco n’est pas encore mort. Même si la dictature s’est “adoucie” par rapport aux années 1950, la menace de répression est réelle. Aucune majorité claire n’émerge du vote. Le Lycée instaure donc des cours facultatifs qui connaissent un tel succès que d’autres sont ouverts.
C’est également cette année-là que le long processus de déménagement à Pedralbes commencé en 1965 est achevé car le nouveau bâtiment du primaire est ouvert. Il n’a pas encore la forme que nous connaissons aujourd’hui. Tout le rez-de-chaussée n’est qu’un vaste préau, le deuxième étage n’existe pas. Son inauguration permet à l’établissement de quitter le site de la rue Provenza qu’occupait le Lycée depuis 1931. Provenza, le Lycée “historique” est alors vendu. A partir de cette date, le Lycée se centre exclusivement sur Pedralbes et Munner.
En 1968 le lycée connait une importante scission. Pedro Ribera y Ferran, le co-proviseur de l’établissement chargé de la section espagnole (élèves préparant exclusivement le bachillerato), décide de partir fonder sa propre école. En effet, le nouveau proviseur, Paul Chambord, applique une directive ministérielle, conséquence des accords culturels entre la France et l’Espagne, qui transforme la section espagnole en section hispano-française. Or, 2 élèves sur 3 sortant du primaire du Lycée Français continuent vers la section espagnole et non la section française. Pedro Ribera décide alors de partir. Presque tous les enseignants de la section espagnole le suivent, ainsi que 200 élèves, près de la moitié des effectifs ; parmi eux un certain Artur Mas, futur président de la Generalitat. Le Lycée mettra trois ans pour retrouver ses effectifs antérieurs.
C’est le 6 août 1965 que le nouveau proviseur du Lycée, Jean Camborde, reçoit l’ordre ministériel d’un transfert à Pedralbes. L’homme s’y affaire sans attendre, préparant le nouveau réseau de bus ou encore le déménagement du mobilier et des services. Quand il arrive sur place, les surprises sont nombreuses : il n’y a pas d’électricité pour le téléphone, ni de gaz pour la cuisine, ni de chauffage, les raccordements ne sont pas faits et les meubles ne suffisent pas. Certains murs s’effritent déjà et l’ascenseur n’est pas installé. Une fois l’électricité fonctionnelle, il se rend compte que les câbles sont à côté de canalisations d’eau qui fuient déjà. Jean Camborde créé alors en catastrophe un service de maintenance pour éviter de rappeler les entreprises responsables de cette situation. Néanmoins, ces réparations sommaires obligeront dix ans plus tard un autre proviseur, Emmanuel Escamilla, à lancer un vaste chantier de rénovation de Pedralbes. C’est ce chantier qui dessinera le visage du Lycée tel que les élèves l’ont connu au cours des années 1980 à 2010.
C’est en 1956 que le projet de construire un nouveau Lycée dans la rue Balmes est définitivement abandonné en raison des divergences de vue entre André Dravet et Pierre Deffontaines sur la localisation de leurs institutions respectives. André Dravet désire s’installer en périphérie, là où les zones résidentielles sont en train de s’étendre. Pierre Deffontaines préfère être proche du centre-ville, là où les activités culturelles ont le plus de chance de prospérer. Ils négocient tous deux la vente du terrain de Balmes pour en acquérir un autre à Pedralbes, quartier en pleine expansion. Le terrain est acquis mais l’Etat français hésite à financer la construction du bâtiment. Il y a d’autres priorités pour le ministère des Affaires Étrangères. En attendant que les fonds se débloquent, l’espace est transformé en terrain de sport. Il faut attendre 1963 pour qu’enfin le projet soit validé. La pose de la première pierre est faite en présence de toutes les autorités espagnoles et françaises liées même indirectement au projet.
C’est en octobre 1946 qu’André Dravet prend possession des biens de l’ancien Collège allemand, fermé sur ordre des Alliés. La défaite des Nazis a provoqué la dissolution de la plupart des institutions culturelles allemandes de l’étranger. Mais l’Espagne de Franco s’oppose à ce qu’un quelconque pays devienne propriétaire des biens allemands. Une astuce juridique est donc montée : une association indépendante nouvellement créée, l’Association Internationale d’Enseignement en assurera la gestion. Elle sera donc l’héritière des biens allemands : la rue Moya, actuel Institut Français et de Munner, actuelle maternelle du LFB. L’école, fondée sur les ruines de l’école allemande, prendra le nom de Collège International. André Dravet en obtient la direction. Le Lycée Français change de nom et devient le Lycée Français-Collège International. Même si juridiquement les deux écoles sont distinctes, elles n’en forment qu’une seule dans les faits.
C’est le 11 mai 1943 que l’histoire d’un homme, André Dravet, et du Lycée basculent. André Dravet est, depuis octobre 1942, proviseur, à la demande de Pierre Deffontaines. Tous deux soutiennent alors Pétain et son régime, Vichy, mais la mise sous tutelle du pouvoir français par les nazis provoque une profonde déception.Ils basculent donc dans la résistance. Pendant deux jours, André Dravet résiste aux pressions des émissaires de Vichy avant d’être démis de ses fonctions ce qui provoque l’indignation des élèves et des enseignants. L’immense majorité de ceux-ci décide de cesser de suivre les cours de ce qu’on appelle communément désormais le “Lycée de Vichy”. Fort de ce soutien inespéré de la communauté éducative, André Dravet et Pierre Deffontaines décident d’organiser un lycée parallèle. Ils y parviennent grâce à l’appui d’un lycée espagnol qui leur sert de prête-nom pour leur donner une existence juridique : l’Institución Cultural Escoda. Du côté du “Lycée de Vichy”, ceux qui n’ont pas osé faire dissidence ou n’ont pas pu (car espagnols) se retrouvent sous l’autorité d’un nouveau proviseur, Pierre-Serge Berne, qui, deux jours après son arrivée, passe lui aussi dans la résistance. Pierre Dumont, Surveillant Général, devient alors le proviseur et le demeure pendant un an, jusqu’à la chute définitive de Vichy et le retour d’André Dravet dans ses fonctions.
C’est en octobre 1939 que Pierre Deffontaines est nommé Directeur de l’Institut Français de Barcelone pour succéder à Jacques Langlade poussé vers la sortie par le nouveau gouvernement espagnol. L’homme a pour mission de sauvegarder ce qui peut encore l’être. Il y parvient en moins d’une année grâce à son énergie et sa détermination. Il réorganise la maternelle, le primaire et le collège. Il crée des modules en espagnol, ancêtres de la section espagnole qu’il fondera définitivement en 1942 pour préparer des élèves espagnols à la préparation du Bachillerato. Cette réussite est surtout due au fait qu’il obtient tous les fonds désirés du gouvernement français d’alors, dirigé par Philippe Pétain, dont il est un proche. C’est grâce à leur proximité qu’un nouveau bâtiment est édifié aux abords de celui de Provenza en 1942. Un autre est acquis à Calle Balmes la même année. Le Lycée voit en trois ans ses locaux doubler.
En 1936, la guerre civile perturbe considérablement l’organisation des cours. Après que les bombes aient touché le Lycée et les Écoles Françaises (actuel Lesseps), les cours sont suspendus suite à l’évacuation de tous les fonctionnaires par sécurité. Jacques Langlade, directeur de l’Institut Français, décide de revenir pour réouvrir les cours malgré la guerre. Avec à peine 50 élèves, l’établissement n’est plus que l’ombre de lui-même. Pour le redresser, il cumule les fonctions de Proviseur du Lycée à celles de Directeur de l’Institut et parvient à doubler les effectifs en 6 mois malgré les difficultés, les bombardements et les locaux transformés en cantine populaire. L’arrivée des troupes franquistes prévues pour janvier 1939 provoque la panique, de nombreuses familles fuient. Réduit à quelques irréductibles, le Lycée se retrouve à nouveau à terre.
En mai 1931, les nouveaux locaux de l’Institut Français sont inaugurés au 325 de la rue Provenza, où l’ancêtre du LFB s’installe aussi. Une dynamique d’expansion est initiée, le nombre de professeurs et d’élèves augmente et les premières classes de primaire sont formées. Le Collège prend petit à petit son indépendance de l’Institut et nomme son premier directeur en 1932, François Duffas, qui crée la même année une section commerciale comme alternative à celle de culture générale et l’école maternelle en 1935. Rapidement, l’établissement compte 250 élèves et, fort des excellents résultats au Baccalauréat, s’élève au rang de Lycée Universitaire en 1934 : le Lycée est officiellement né et François Duffas en est le premier proviseur.
Le 1er octobre 1924 sont inaugurés officiellement les premiers Cours Secondaires à Barcelone, ouverts à l’initiative du Consulat. Disposant de 4 enseignants, ils sont installés au 316 de la rue Aragon, au sein de l’Institut Français. Néanmoins, cette initiative n’est pas du goût de tous, notamment de l’Université de Toulouse, qui finance l’Institut. Elle ne veut pas voir son argent employé dans un projet auquel elle ne croît que très peu. Le ministère français des Affaires Étrangères décide donc de se porter garant de ces nouveaux cours en octroyant rapidement de l’argent public.