novembre 21, 2018
Abstractions: la couleur est le clavier
« La couleur est le clavier. L’œil est le manteau. L’âme est le piano, avec ses nombreuses cordes. L’artiste est la main qui fait résolument vibrer l’âme au moyen de telle ou telle touche. » WASSILI KANDINSKY
(cité dans: MICHEL RAGON, L’aventure de l’art abstrait. Paris : R. Laffont, 1956, p. 19.)
L’Abstraction: un nouveau langage artistique du XXe siècle
L’expression « art abstrait » désigne l’une des principales tendances de la peinture et de la sculpture du XXe siècle. Elle recouvre des groupes d’artistes extrêmement divers, mais qui ont pour caractéristique commune de s’éloigner de la représentation des formes de la Nature (même si celle-ci a été prise comme point de départ). L’abstraction recherche l’émotion par la forme et la couleur, sans recourir forcement à la représentation ou à l’évocation de la réalité. Parmi les principaux pionniers de cette tendance, nous trouvons le peintre russe Vassili Kandinsky, le suisse Paul Klee, les français Robert et Sonia Delaunay (Orphisme), le russe Malevitch (Suprématisme), ainsi que Rodtchenko, El Lissitzky, Antoine Pevsner (Constructivisme russe), le groupe néerlandais « De Stijl », après la 1ère Guerre mondiale, dans lequel se trouve aussi Mondrian.
Kandinsky et la Musique au sein de l’Expressionnisme abstrait
En se référant à la musique, le peintre russe Vassili Kandinsky (1866-1944) envisage le travail du peintre comme celui du compositeur qui utilise sons, rythmes et timbres pour toucher l’âme de l’auditeur. Le tableau devient alors une composition dont les matériaux constituent des formes et couleurs abstraites suivant des interactions infinies. Sur le plan pictural, Kandinsky développe à partir de 1910 des forces équivalentes à celles que dégage la musique. Cette correspondance psychique et esthétique entre musique et image plastique s’appelle « synesthésie », véritable source d’inspiration de l’art abstrait du XXe siècle.
Le challenge de nos élèves de Troisième
En tant qu’illustrateur contemporain, vous devez réaliser des synesthésies pour les « opening credits » d’un film de science fiction dont vous ne connaissez encore que la musique. Comment traduire les sons complexes de l’orchestre en images ? Comment traduire les tonalités et les rythmes musicaux en formes et couleurs ?
L’équipe de production attend que vous réalisiez quelques propositions préalables pour pouvoir vous embaucher. Elle ajoute une dernière condition : il faut que les images soient complètement abstraites, c’est-à-dire non-figuratives.
Après avoir réalisé plusieurs écoutes en classe tirées de fragments symphoniques des principaux compositeurs du XXe siècle, les élèves de Troisième on tenté de traduire les émotions et les rythmes de chacune de ces mélodies à l’aide du fusain, de l’encre de chine, du crayon gras et des peintures à l’eau.
1- Symphonie du Seigneur des Anneaux, composée par Howard Shore (2000-2004). Sophie DEVAUX (2018). Acrylique/papier, 28 x 32,7 cm.
2- La Mer (Claude Debussy, 1905) · Elsy VILCHES (2018). Encre et acrylique/papier, 29 x 29,5 cm.
3- Jupiter (Gustave Holst, 1916) · Olivia DARMIGNY (2017). Fusain/papier, 21 x 22 cm.
4- Mysterious Mountain (Alan Hovhaness, 1955) · Gael ALMORIN (2018). Technique mixte/papier, 29 x 29 cm.
5- Une Symphonie Alpestre (Richard Strauss, 1915) · Sophie DEVAUX (2018). Fusain/papier, 25,5 x 26 cm.
6- L’Île des Morts (Sergei Rachmaninoff, 1908-1909) · Claudia CORRADO (2017). Encre de Chine/papier, 29 x 29 cm.
7- Te Deum (Arvo Pärt, 1984) · Jan LORMANT (2017). Crayon gras, acrylique/papier, 29,7 x 37 cm.
8- Pins de Rome (Ottorino Respighi, 1924) · Sahar BEHR (2018). Crayon/papier, 21 x 21 cm.
9- Le Mandarin merveilleux (Béla Bartók, 1919) · Irene De La Fuente (2018). Technique mixte/papier, 24,5 x 25 cm.
10- Une Symphonie Alpestre (Richard Strauss, 1915) · Nicolas COLL (2016). Fusain/papier, 21 x 21 cm.
11- Le Seigneur des Anneaux (Howard Shore, 2000-2004) · Sahar BEHR (2018). Crayons de couleurs/papier, 27 x 28,3 cm.
12- Pierrot Lunaire (Arnold Schoenberg, 1912) · Khalil TOUBAL (2018). Acrylique/carton, 25 x 26,7 cm.
13- Symphonie Nº5 « Finale » (Dimitri Shostakovich, 1937) · Khalil TOUBAL (2018). Crayon/papier, 21 x 21 cm.
14- Symphonie Nº5 « Finale » (Dimitri Shostakovich, 1937) · Sofia ÁLVAREZ (2018). Encre et aquarelles/papier, Æ 23 cm.
15 Pins de Rome (Ottorino Respighi, 1924) · Nicolas COLL (2016). Aquarelles/papier, 29,7 x 21 cm.
16- Une Symphonie Alpestre (Richard Strauss, 1915) · Daniel MARFULL (2016). Fusain/papier, 21 x 21 cm.
17- Fantasia on Greensleeves (R. Vaughan Williams, 1934) · Claudia CORRADO (2017). Aquarelle/papier, 21 x 29,7 cm.
18- Mysterious Mountain (Alan Hovhaness, 1955) · Killian CARCELLER (2018). Crayon et acrylique/papier, 29 x 29 cm.
19- Le Poème de l’Extase (Aleksandr Skriabin, 1905) · Axel POIRIER (2016). Fusain/papier, 22 x 23,5 cm.
20- Boléro (Maurice Ravel, 1928) · Miquel MUÑOZ (2018). Acrylique/papier, 29 x 29 cm.